Si aujourd’hui il figure parmi les musiciens classiques les plus célèbres au monde, il n’en demeure pas moins un talent en constante évolution. Passionné et porteur d’une vision qui transcende les frontières de la musique, Sheku Kanneh-Mason est un artiste profondément attaché à ses racines. Il s’engage résolument pour un changement dans le monde de la musique classique.
Connu des Britanniques comme un de leurs plus grands prodiges de la nouvelle génération, il reste encore relativement méconnu en France. Pour beaucoup, ses premiers pas sur la scène internationale remontent à ses participations dans le télécrochet Britain’s Got Talent, où, il y a presque dix ans, il captivait le public avec une fratrie passionnée par la musique de chambre. L’une de ses prestations les plus marquantes, vue par près de deux milliards de spectateurs, restera sans doute celle de 2018, lors du mariage du Prince Harry et de Meghan Markle à Windsor, où son jeu du violoncelle fit frémir d’émotion l’audience mondiale.
Dès ses premiers concerts en France, sa renommée a pris de l’ampleur. Ses performances témoigne d’un son d’une richesse inouïe et d’une technique virtuose. Ses disques, aujourd’hui incontournables, ont confirmé son statut de star internationale. Au-delà de son talent musical, c’est aussi sa voix qui résonne à travers des déclarations fortes sur un sujet toujours sensible : la diversité dans le monde de la musique classique. Si l’opéra a ouvert la voie depuis plusieurs décennies, accueillant des artistes afro-américains parmi ses plus grandes figures, et si les musiciens d’ascendance asiatique se sont imposés dans toutes les disciplines, la représentation des autres minorités parmi les instrumentistes reste une question trop souvent ignorée. Un défi que cet artiste, avec fierté et détermination, s’efforce de relever.
De Britain's Got Talent aux scènes internationales, Sheku Kanneh-Mason incarne l’évolution d'un prodige devenu une figure mondiale de la musique classique.
Qu’il le veuille ou non, Sheku Kanneh-Mason, avec son métissage caribéen, sierra-léonais et gallois, incarne malgré lui un symbole puissant. Entre sa vision artistique et les attentes sociétales, il assume les critiques, parfois virulentes, qui accompagnent sa position. En janvier dernier, un commentaire mesuré sur les ondes de la BBC concernant l’hymne Rule Britannia, symbole de l’Empire colonial britannique, a déclenché une véritable tempête de commentaires haineux et racistes à son encontre. Malgré les attaques, Sheku Kanneh-Mason reste fermement ancré dans ses convictions.
Militant passionné pour une plus grande inclusion dans la musique, il défend également une éducation musicale accessible à tous. "Les politiciens n’ont, hélas, pas conscience de la valeur ajoutée de la musique", déclare-t-il, déplorant le manque de soutien à l’éducation musicale, malgré les nombreuses études montrant son impact positif sur le développement cognitif, la concentration et les compétences sociales des jeunes. Il insiste aussi sur les dangers des réseaux sociaux, qui, selon lui, influent gravement sur la santé mentale des adolescents. "Je continuerai à le crier chaque fois que je pourrai", ajoute-t-il, déterminé à défendre l’importance de l’éducation musicale comme outil de transformation sociale.
Inspiré par la grande Jacqueline Dupré, Sheku Kanneh-Mason se nourrit d’une passion musicale sans frontières, jonglant entre concertos avec les plus grandes phalanges symphoniques internationales et sessions de musique de chambre, notamment avec ses frères et sœurs, dont sa sœur Isata au piano et son frère Braimah au violon. Cette polyvalence musicale, qui va des chefs-d'œuvre de Beethoven aux répertoires du XXe siècle, en passant par des arrangements pop et des rencontres musicales inattendues, témoigne de son désir de repousser les limites du classique et de rendre la musique accessible à tous, tout en honorant les traditions qui le nourrissent.
Comments